Réalisation vidéo : Echo Films

L'INTERVIEW RETRANSCRITE

Pour ceux qui ne te connaîtraient pas, peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Hazer, j’ai 29 ans. Ça fait huit ans à peu près que je suis dans le beatmaking et que je suis compositeur. J’ai commencé à Montpellier et là ça fait deux ans que je vis sur Toulouse depuis ma signature en édition à Jardins Noirs, et ça fait à peu près quatre ans que je vis de ma musique.

 

Après avoir rappé plusieurs années, tu es aujourd’hui compositeur chez Jardins Noirs, quel a été le moment clé de ce revirement ?

J’ai commencé la musique par le biais du rap. J’ai voulu m’enregistrer tout seul, apprendre à mixer tout seul. J’ai décidé de me lancer dans une école de son. Ça m’a vraiment permis d’en apprendre plus sur les métiers de la musique et ses divers aspects. Par la suite, j’ai monté mon studio. Je donnais des prods gratuites, je faisais écouter à des gens, des clients ou des amis. De fil en aiguille, j’ai mis de côté mon rap et je me suis vraiment consacré au beatmaking, ça me passionnait de plus en plus. Je commençais à collaborer de plus en plus avec des artistes de la ville, des artistes qui commençaient aussi à émerger et qui commençaient à avoir une ampleur dans la ville. J’ai fini par rencontrer un artiste qui s’appelle Len, un artiste de Montpellier. On a beaucoup bossé ensemble, on a collaboré sur un premier projet. Par la suite, il a été contacté par le label Jardins Noirs, et moi j’ai suivi après. Ça m’a vraiment permis de pouvoir passer un step et de travailler avec de gros artistes. Depuis je suis à fond dedans, j’ai mis de côté le rap et on continue dans cette voie là.

Qu’est-ce que t’écoutes en ce moment ?

Je me suis pris de plein fouet le projet de Dinos “Hiver à Paris”. C’est vraiment un projet abouti, y’a de la proposition, y’a du vrai rap comme de la mélodie. J’aime beaucoup les intervenants qui arrivent au fur et à mesure du projet. Pour moi, c’est le meilleur album de l’année 2022.

Sinon j’écoute un peu de tout, j’essaie de toujours être un peu au courant de tout ce qui sort même pour pouvoir m’adapter, mais je pense que dernièrement c’est vraiment Dinos qui m’a mis ma gifle.

Félicitations pour la sortie de ton projet en collaboration avec Roro La Meute. D’ailleurs, on voit de plus en plus de beatmaker mettre leur nom sur les projets musicaux. Est-ce là le début d’une évolution dans le métier ?

Effectivement on a sorti récemment un projet en collaboration avec Roro La Meute, qui est un artiste de Toulouse. On s’est rencontré par le biais de Jardins Noirs. C’est un artiste avec qui on a fait beaucoup de sessions, du coup on a vraiment réussi à créer un univers à nous deux. Et je pense que la meilleure façon de montrer ça au public c’était de sortir un projet en collaboration.

C’est vraiment un assemblage de nos deux univers qui ont créé ce projet. Je trouve que c’est une bonne chose pour les beatmakers de s’exprimer comme ça par rapport à des projets et des artistes ou même des sortes de compiles. Ça permet au beatmaker de pouvoir montrer son univers, sa couleur, sa patte, ce qu’il peut apporter aux artistes et c’est une façon de se mettre en avant car souvent on parle de l’artiste mais on ne s’intéresse pas forcément à tout ce qu’il y a derrière. 

Avec Roro la Meute on a pu créer une alchimie et c’était cool de le montrer à travers ce projet. Je suis très fier de ce projet.

Est-ce que l’évolution digitale et la facilité pour les gens de partager leurs projets améliorent la qualité globale du monde hip-hop français ou à l’inverse le fait que tout le monde puisse partager réduit la qualité globale de la musique hip-hop aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je trouve ça super cool que ça ait évolué au niveau des outils de communication comme les réseaux sociaux, Youtube, les médias, les plateformes de streaming, etc. Ça permet aux artistes de promouvoir eux-même leur contenu assez facilement. Du coup, on permet à tout le monde de trouver quelque chose qui lui plaît, tout le monde apporte sa pierre à l’édifice. On découvre tous les jours de nouveaux artistes qui amènent de nouveaux univers, c’est souvent ça qui va les démarquer. Moi-même ça me permet de proposer des choses différentes à des gens différents et même de découvrir de nouveaux aspects de la musique. Tous les jours je découvre de nouvelles choses et je trouve ça super.

Quelle est ta routine de composition musicale ?

Pour composer, je suis souvent à la maison, chez moi. J’ai mon matériel, j’ai mon petit studio à la maison ce qui me permet de faire ce que je veux, tranquillement. J’aime beaucoup collaborer aussi mais composer seul c’est la meilleure manière de faire sa musique à soi. Sinon, je suis souvent au studio, dans les locaux de Jardins Noirs. Je commence généralement par la mélodie, j’envoie souvent un piano ou une guitare, un instrument assez basique d’abord, ensuite peut-être que je vais changer l’instrument une fois que j’ai plaqué ma mélodie. J’aime bien les mélodies un peu mélancoliques, ma couleur c’est un peu ça je pense, un peu sombre, mélancolique. Et donc j’envoie souvent la mélodie en premier et c’est ce qui va m’inspirer pour le reste, rajouter des éléments et partir sur les percussions etc. Je pense que c’est ça ma manière de composer. 

 

Quels sont les outils (VST, Instrument…) que tu utilises le plus ?

Je suis sur FL Studio depuis pas si longtemps que ça. À la base, j’étais sur Logic Pro et comme à Jardins Noirs tous les beatmakers étaient déjà sur FL Studio, j’ai fait la transition pour qu’on se comprenne tous. Sinon en plug-in j’utilise beaucoup Kontakt, ça représente 80% de mes mélodies maintenant. Des fois je vais découvrir un nouveau plug-in, un nouveau VST, je vais essayer, ça va me plaire donc je vais la rajouter à ma liste. Donc voilà ça peut être tout plein de choses en vrai, mais la principale source d’inspiration la plupart du temps ce sera les banques Kontakt. 

Quelle anecdote insolite peux-tu nous raconter, lors de l’exercice de ton art ?

Comme moment insolite, je me souviens qu’à une époque quand j’avais mon studio à Montpellier, on était tous en session avec des collègues à moi et un jeune, un client à moi qui était là juste avant. Je me souviens que ça a toqué à la porte, du coup je demande au jeune s’il peut aller ouvrir pendant que je m’occupais de mixer. Il est allé ouvrir et c’était les flics, qui croyaient que mon studio c’était un charbon. Ça nous avait fait sursauté et c’était une anecdote assez drôle. 

 

Ça fait une dizaine d’années que tu étais présent dans le paysage montpelliérain. Quel est ton avis sur l’impact des structures et artistes Montpelliérains dans le domaine musical ?  

À Montpellier, ça a toujours été assez compliqué puisqu’on est quand même la province, du coup pour s’exporter c’est pas facile. Je trouve que ça évolue beaucoup même moi à l’époque quand j’ai fait mon studio je sais que ça a aidé beaucoup de gens.

Après y’a de nouvelles structures qui se sont installées, y’a MCG Productions, Tosmah, là y’a Len justement qui vient d’ouvrir un studio avec Mistik un autre artiste de Montpellier. Du coup, les gens se donnent une exposition et la partagent donc ça ne peut aller que vers du positif.

Aujourd’hui décomposées en de nombreuses variantes, les cultures urbaines sont aujourd’hui prédominantes dans le paysage musical, quel avenir vois-tu pour ce domaine ?

Je pense que l’évolution de cette musique ne peut être que grandissante. J’espère qu’on sera de plus en plus dans les NRJ Music Awards, les Victoires de la Musique… J’espère même qu’il y aura des célébrations du rap, des musiques urbaines pour qu’on soit vraiment mis en avant puisque je pense que maintenant on fait partie des plus grands vendeurs. Y’a pas de raison qu’on ne fasse pas partie intégrante de ce paysage.

 

Pour finir, quels sont tes projets d’avenir pour Montpellier ?

Pour mes projets futurs à Montpellier, je vais continuer à bosser étroitement avec les artistes de là-bas. Je pense notamment à Len, Soyou, TKN, Mistik et je pourrais citer encore énormément de noms.

MTP c’est vraiment un vivier de talent selon moi, et donc essayer de faire vivre cette musique montpelliéraine qui va vraiment exploser d’ici quelques années je pense.

Pour moi Montpellier c’est le prochain Atlanta, sans fausse modestie, et vous allez bientôt en entendre parler.« 

RORO LA MEUTE X HAZER
RENEGATS
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