CHIQUITO
Breakdance Streetdance Contemporain
Découvrer l’univers dubreakdance et des danses urbaines à travers l’univers de Chiquito
Une interview : un artiste, une discipline
Le Focus est un format interview écrite et/ou vidéo qui met en lumière une discipline artistique des cultures urbaines à travers la vision d’un professionnel de ce domaine. Le but de cette rubrique est de permettre de découvrir des artistes de la région montpelliéraine et d’approfondir ses connaissances sur les diverses disciplines composants les arts urbains.
Découvrer l’univers dubreakdance et des danses urbaines à travers l’univers de Chiquito
« Peux-tu te présenter et présenter ton activité ?
Je m’appelle Andrew Jones alias Chiquito, je suis danseur interprète, je travaille dans le milieu du street art, la plupart de mon temps de danse et de ma vie de danseur je l’ai passé dans la rue. J’ai découvert il y a peu le milieu de la scène, mais je continue de partager mon art et m’inspirer dans la rue pour m’enrichir.
Comment t’es venu le surnom de Chiquito ?
Mon surnom me vient depuis tout petit quand j’étais en Colombie, on m’appelait Chiquito parce que je n’étais pas très grand de taille, (je ne le suis toujours pas aujourd’hui.) Mais aussi parce que j’aimais tout le temps faire des blagues, j’étais le pitre de service. Chiquito c’est aussi le surnom d’un gamin. C’était un surnom affectif, mais qui voulait aussi dire que j’étais casse-pied.
Avec quels organismes travailles-tu ?
D’abord avec la compagnie virgule depuis 2 ans. Merci pour leur confiance. Après, j’ai créé mon propre groupe Be cool, un groupe de street artistes qui tournent dans pas mal de ville en France, vous pouvez nous retrouver notamment sur la Place de la Comédie. Pour le moment notre groupe n’est pas officiel et on va créer l’association sous peu. Vous allez entendre parler de Be cool dans quelques années, j’espère. J’ai aussi travaillé pour plusieurs organismes en tant que danseur ou pédagogue sur certains événements.
Comment t’es venu cette passion pour la danse ?
Ça c’est une bonne question, je pense que ça m’est venu avec l’amour de la vie : plus je voyais des gens danser et prendre du plaisir à danser, plus mon amour grandissait. Je sortais le soir, je faisais le mur pour me retrouver en soirée le soir où les gens dansaient plus. Je dansais en club et je prenais des cours et stages, j’étais déjà profondément dedans. Certaines personnes m’ont vraiment amené cet amour : notamment Michael Jackson, star de la pop qui pour moi, m’a énormément marqué. Il y a aussi eu des films qui m’ont marqués, comme Street Dance, après avoir vu ce film, j’ai encore plus voulu danser, le film Rise m’a ouvert les yeux sur la danse et le pourquoi les gens danser, d’avoir vu tommy le clown, je pense que c’est lui qui m’a donné l’amour pour la danse.
Quels sont les moyens de gagner sa vie quand on est danseur sur Montpellier ?
Il n’y a pas de formule magique, il faut en vouloir, être présent, c’est beaucoup de concours de circonstances et de chance, il y a beaucoup de danseurs de qualité. Je dois dire que pour les danses urbaines, c’est un peu plus difficile que certaines autres danses, le marché est en train de s’ouvrir : notamment avec l’arrivée du breakdance aux jeux olympiques et de nombreuses personnes arrivent à devenir professeur de danse, donner des cours, essayer de trouver un max de structure, enchaîner les heures pour arriver à un salaire décent. Sinon il y a le travail d’interprète, pouvoir travailler dans une compagnie, faire des représentations et toucher des cachets, a paris ça marche beaucoup, à Paris cela fonctionne beaucoup. Il y a de nombreuses collab avec des marques, danseur , musicien, photographe et cela devient un collectif. C’est ce qu’il manque à Montpellier, pour vraiment s’élever par rapport à Paris, d’autres villes européennes ou encore américaines. Ce sont des collab artistiques qui permettent à des stylistes, danseurs, photographes sur un même projet. Pour un danseur aujourd’hui, pour en vivre et il faut se surpasser, être parmi les meilleurs et avoir la chance de trouver quelqu’un qui nous fait confiance. Sinon enchaîner des plus petits contrats et travailler à côté, ce n’est pas évident aujourd’hui, certains y arrivent, mais il faut en vouloir.
Quelle est ta vision de l’art de rue montpelliérain ?
L’art de rue montpelliérain se développe ces dernières années, il y a quelque temps c’était très fermé, ensuite, il y a eu la covid. Aujourd’hui ça bouge quand même pas mal, il y a tout le temps eu des musiciens, mais aujourd’hui beaucoup plus de travail de street artiste dans le collage, graphes, beaucoup plus de places pour les skates, même s’il existe toujours cette traque contre le skate urbain, au niveau de la danse proprement parler de l’expression de la danse dans la rue, très réglementé, peu toléré voir interdit, parce que l’on utilise des enceintes notamment. Le travail d’artistes de rue avec notre groupe Be cool est interdit par le maire ou préfet. Ce qui est compliqué, c’est aussi de croire que danser dans la rue, c’est juste un amusement ou de la mendicité, c’est un vrai travail, il y a de la recherche, de la création, une prise de risque physique. On évalue les risques et la capacité à perturber le trafic et être capable de gérer ce rassemblement, c’est un réel travail qui nécessiterait une meilleure réglementation plutôt que des interdictions, par exemple des formations sur la nuisance sonore, la gestion des rassemblements, déplacement de foules.
Comment s’organise ta routine en tant que danseur ?
Ma routine, elles vont être guidées par la météo. Vu qu’on est artiste de rue, sur une journée spectacle et qu’il pleut, le planning va être changé. Il y a 6/7j ou je danse, même 7/7 en réalité, parce que même les jours où mes pieds sont fatigués, ou que je suis blessé comme actuellement. Je travaille le reste de mon corps pour trouver de nouveaux effets, des ressentis, toujours en rapport avec la danse. Si je n’écoute pas de musique au quotidien, je ne peux pas avancer, créer ou même me sentir bien dans ma journée, le matin musique et soir musique et entre création, recherche et la méditation permet de recentrer l’énergie et d’avoir la respiration. Chaque exercice doit amener une respiration spéciale, quand on danse on libère beaucoup de chose, mais on peut créer des tensions si on n’apprend pas à respirer correctement. Bonne alimentation, la respiration, la méditation et la musique, c’est ça ma routine.
Dans quelles mesures les infrastructures conventionnelles, notamment à Montpellier participent-elles à l’évolution et au développement de ce secteur ?
On a quand même pas mal de structures sur Montpellier et en France qui aide au dev culturel et à la diffusion surtout. On a les maisons pour tous, ou l’on peut trouver toutes sortes d’activités ouvertes à un public très large, mais essentiellement populaire. Au travers de la danse, break hip hop, c’est une danse urbaine qui il faut le rappeler vient de milieu très pauvre. Du coup une certaine utilisation du milieu urbain pour redorer l’image de certaines structures, les maisons pour tous qui héberge ce genre de structure et les laisse même à disposition des salles. Il y a des gens qui se battent pour se donner les moyens pour donner une chance aux jeunes et aux artistes de se développer, de s’entraîner, il faudrait donner un peu plus d’appui au niveau de la ville, pour ouvrir un lieu ouvert sans horaire, car c’est le principal frein des maisons pour tous. Pour résumer, un lieu extérieur couvert, avec des équipements fixes aidant à développer ses compétences et capacités des artistes en devenir.
Qu’est-ce que tu prévois pour l’avenir ?
Mes projets ? Il y a beaucoup de choses que j’ai envie de faire, tant que je vivrais et je pourrais, je continuerais à danser, à créer, accepter les critiques négatives et me développer. C’est important d’apprendre, découvrir de nouvelles choses afin d’enrichir sa personnalité et son bagage artistique. J’ai envie de faire beaucoup de collabs, créer avec Be Cool et faire des expériences de spectacles en dehors de la France. J’ai eu l’occasion de vivre sur différents pays et continents, mais pas en tant que danseur. Il n’y a pas qu’une manière d’interpréter la danse, le monde entier danse et c’est ça qui est beau et je veux aller à la découverte du monde entier. »
Photos : Inca.mera
Questions : L’Agenda Production
Vidéo : L’Agenda Production